SLKTR02 • 10/2014

Shane Lynam

Bio

Shane Lynam est un photographe irlandais, diplômé d’un Master en Photographie Documentaire de l’Université du Pays de Galles en 2012. Son travail a été exposé à l’Alliance Française de Dublin et dans le cadre principal de PhotoIreland 2013. Il a été publié sur de nombreux sites et magazines, tels que LPV Magazine en 2011, Flak Photo en 2011 et 2012, l’ouvrage collectif New Irish Works en 2013 et Unless You Will en 2014.

Shane Lynam is an Irish photographer who graduated with an MA in Documentary Photography from University of Wales in 2012. His work was exhibited at the Alliance Française in Dublin and as part of the main show of PhotoIreland Festival 2013. He’s been widely published online and offline, including LPV Magazine in 2011, Flak Photo in 2011 and 2012, the collective book New Irish Works in 2013 and Unless You Will in 2014.

Shane Lynam est le plus francophile des photographes irlandais. Contours et Fifty High Seasons, ses deux plus importantes séries à ce jour, s’attaquent sans complexe à des symboles de notre socio-géographie moderne : la banlieue parisienne et les stations balnéaires du littoral du Languedoc-Roussillon. Il fallait un regard comme le sien, poétique et politique (irlandais ?), pour nous montrer nos zones d’habitation et de loisir les moins courues comme on ne les avait jamais vues. Les grands ensembles passent à l’arrière plan et laissent apparaitre des espaces bucoliques, romantiques, naturels ou aménagés, vestiges d’une utopie sociale et urbanistique qui ne s’est pas réalisée, ou manifestations tout à fait actuelles d’une reconquête. On ne sait jamais devant ses photos si on regarde l’Histoire ou l’avenir. Sa fiction documentaire est porteuse d’un savoir et tend vers une sorte de rêverie. Territoire de toutes les hybridations, la périphérie au sens large se prête idéalement à ce mélange d’enquête et de vagabondage. Shane Lynam a le don de nous surprendre, de bousculer les préjugés, s’intéresse aux marges et au périmètre des idées reçues. Tout ce qui demande à être regardé autrement, il le voit.

Shane Lynam is the most francophile of Irish photographers. His two most important series to date, Contours and Fifty High Seasons, tackle symbols of our modern socio-geography straight on: the Parisian banlieue and the seaside resorts of the Languedoc-Roussillon. It needed somebody with an approach like Shane’s, poetic, political (Irish ?), to show us the less desirable places as they have never been seen before. The apartment blocks slip into the background to reveal bucolic, romantic spaces, tended or untended, the vestiges of a social and urban utopia that never came to be, or the very modern manifestations of a reconquest. When we look at his photographs, we never know if we are looking at the past or the future. His documentary fiction brings an awareness and drifts into a kind of reverie. A land of hybridization, the outskirts in their widest sense are the ideal places for this mix of inquiry and wandering. Shane Lynam has the ability to surprise us, to overturn our prejudices, he is interested in the margins and the perimeter of received ideas. If there’s anything that demands to be seen in another light, he will see it.

Contours

Contours est une enquête sur le sens de la présence d’espaces naturels en banlieue parisienne qui a connu plusieurs stades de développement. A l’origine étincelle de curiosité, puis projet de fin d’études, commencée d’un seul tenant, un temps découpée en plusieurs parties, et finalement à nouveau réunie, la série aujourd’hui a atteint un seuil de maturité et pris la dimension d’une oeuvre. En se simplifiant. On ne fait pas des photos pour en rajouter, mais pour savoir au contraire lesquelles on enlève. Un projet à long terme n’est pas cumulatif, c’est une épure. Contours raconte à la fois un territoire – la banlieue – et un parcours – celui d’un auteur en devenir.

Contours is an enquiry into the sense of presence of natural spaces in the Parisian banlieue and has undergone several stages of development. It started as a spark of curiosity and then became a graduation project. It began as a single piece and was then split into several parts and lastly was brought back together again. Today the series has reached a level of maturity and taken on the dimension of a work of art by being simplified. We don’t take photographs with the idea of adding to them, rather to discover which ones should be removed. A long term project isn’t cumulative it’s a distillation. Contours tells the story of a place – the banlieue – and a journey – that of an artist in the making.

En explorant les trouées vertes qui subsistent dans la muraille périphérique, Shane Lynam fait revivre un passé, décrit un présent loin des stéréotypes et ouvre une piste pour l’avenir. Le titre « Contours » suffit à lui seul à comprendre le projet : contourner la ville et les préjugés, redécouvrir les anciens contours, en dessiner des nouveaux. L’angle choisi permet de rendre accessible et cohérent un sujet pourtant difficile et mouvant (la banlieue est surchargée de fantasmes et de significations que seule la nature, réelle et métaphorique, était susceptible d’apaiser). A tel point que je me suis mis à imaginer une sorte de franchise photographique Contours™. Des projets identiques seraient confiés à d’autres photographes dans la ville de leur choix, on aurait Contours Berlin, L.A., Londres, New Delhi, un site internet, une série de publications, une rétrospective dans 20 ans… J’ai l’air de m’emballer ? Cela montre simplement à quel point l’intuition de Shane Lynam était bonne, féconde, et qu’il l’a parfaitement exécutée.

By exploring the green oases that survive within the city’s boundaries, Shane Lynam has brought a past back to life, described a present that is unlike the stereotypical view of the banlieue and cleared a path to the future. The title alone, ‘Contours’, is all we need to understand the project: it reshapes our view of the city and our prejudices, allows us to rediscover the old contours and draw new ones. The angle he has chosen makes what is a difficult and unstable subject coherent and accessible. The banlieue is a place of signs and ghosts that only nature, both real and metaphorical, is able to exorcise. So much so that I started to imagine some sort of Contours™ photographic franchise with identical projects being assigned to other photographers in their chosen cities. We could have Contours of Berlin, L.A., London, New Delhi, a website, a series of publications, a retrospective in 20 years time… Perhaps I’m getting carried away here, but it just shows how Shane Lynam’s intuition was right, productive and perfectly executed.

Le gris, le vert et le grain

Le style de Shane Lynam s’appuie largement sur l’emploi de film 400 ISO combiné à une prédilection pour les journées couvertes. Ce voile gris et le grain omniprésent rendent les couleurs et les matières à la fois concrètes et veloutées. Sous une chape de mélancolie, le vert et les scènes de détente et d’errance parlent d’adaptation et de résilience. La pellicule enregistre une fronde silencieuse commune aux lieux, aux habitants et à l’auteur.

The grey, the green and the grain

Shane Lynam’s style comes mainly from his use of 400 ISO film combined with a preference for overcast days. The grey skies and the omnipresent grain give the colours and textures a reality and a mellowness. Beneath a blanket of melancholy, the greenery and the scenes of relaxation and wandering evoke adaption to circumstances and resilience. The film records a quiet rebellion common to places, people and the artist.

Fifty High Seasons

Pendant que l’on construisait le périphérique parisien, un projet de station balnéaire populaire voyait le jour sur une bande de terre inexploitée entre mer Méditerranée et lagune. La mission Racine, du nom de son dirigeant, était une transposition des idéaux de la banlieue au développement touristique du Languedoc-Roussillon. En faisant le lien entre la couronne parisienne et cette autre périphérie (de l’Espagne, de la Côte d’Azur), Shane Lynam confirme qu’il est animé par une conscience de classe. Le temps des utopies est révolu, le piège du cloisonnement social s’est refermé sur les avant-gardes des années 60, mais quelque chose de tendre et de fraternel a survécu, qui aujourd’hui est propre à ces territoires, une poésie réaliste qui agirait comme un antidote au défaitisme et au mépris.

When the Paris Périphérique was being built, plans to build a popular seaside resort began on a disused stretch of ground between the Mediterranean and a lagoon. The Racine project, after the name of its director, was a transposition of the ideals of the banlieue to tourist development in the Languedoc-Roussillon. By making the link between the Paris ring road and that other edge-land of Spain and the Côte d’Azur, Shane Lynam confirms that he is inspired by class consciousness. The time of utopias is past, the trap of social division has closed on the sixties avant-garde. In spite of that, something lives on, something touching and fraternal which now belongs to these places, a realistic poetry that acts as an antidote to defeatism and mistrust.

Inner Field

Dublin, nouvelle édition

En juin 2012, Shane Lynam a quitté Paris. De retour à Dublin, il a initié un changement de méthode et commencé un nouveau cycle de travail. Plus spontanées et dégagées de toute notion de projet, ses nouvelles images en territoire familier, si elles bénéficient logiquement de l’expérience et de la confiance acquises en France, se distinguent aussi par une volonté de renouvellement. Inner Field, le champs intérieur, est un retour aux sources et un nouveau départ, le champs libre que se donne Shane Lynam par rapport à la tradition documentaire et à son propre programme.

A Dublin edit

Shane Lynam left Paris in June 2012. Back in Dublin, he changed method and began a new cycle of work. His new images, taken on familiar ground, surely benefit from the experience and confidence that he gained in France but are also more spontaneous and free of any notion of project. He is dominated by a desire for self-renewal. Inner Field is a return to his roots and a new departure, a free hand that Shane Lynam has given himself in his approach to the documentary tradition and to his own programme.

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Selektor Magazine N°2

Shane Lynam

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